Exquises Esquisses : Siegrid Reynaud met en scène « Macbeth » de Shakespeare

visuel Macbeth

Dans le cadre du festival « Exquises Esquisses« , les comédiens de troisième année à Arts en Scène ont unis leurs efforts pour mettre en scène et jouer une pièce de leur choix.

visuel Macbeth

Du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2019, Siegrid Reynaud et ses comédiens ont donc foulé les planches du théâtre Le Fou, à Lyon, pour interpréter « Macbeth », chef d’oeuvre du célèbre Shakespeare. Pour en savoir plus sur les dessous de ce projet, l’équipe d’Arts en Scène est allée à la rencontre de la metteuse en scène et de ses comédiens, pour recueillir leur témoignage.

Interview de la metteuse en scène et des comédiens du projet

Quel est votre ressenti par rapport à ce travail fait en autonomie, sans suivi pédagogique pour valider vos choix ?

  • Thomas : moi je trouvais ça effrayant au début, et même encore maintenant, à des moments ça fait un peu peur de se dire que c’est la première fois qu’on est « lâchés dans la nature » et qu’il n’aura personne pour avoir un regard professionnel sur notre travail, pour nous dire « attention ». Mais on se fait confiance les uns les autres, et évidemment à notre metteur en scène. Et à la fois ça me rend super heureux de faire un truc dont on peut être fiers et dont on est responsable, qu’on gère tout seuls. C’est hyper valorisant en tant que comédien débutant !
  • Guillaume : oui, ça nous laisse une grosse marge de liberté. C’est certes à nous d’en assumer les conséquences mais c’est avec plaisir.
  • Gabriel : et c’est dur aussi parce qu’avec un metteur en scène confirmé, c’est plus facile parce qu’on a un guide, on a quelqu’un qui a une vision très claire de ce qu’il veut, parce qu’il a de l’expérience de par ce qu’il a vécu ça avant. Du coup, être avec une metteuse en scène qui commence c’est un peu plus dur, parce qu’elle est un peu au même stade que nous. Du coup, il y a des moments où on cherche, où on est tous perdus, et c’est très dur car on se dit qu’on s’en sortira jamais mais encore une fois, c’est une force parce que ça nous fait grandir et ça nous pousse à être dans des situations difficiles, et ça nous fait évoluer.
  • Guillaume : il y a aussi le fait de travailler avec quelqu’un qui a été notre camarade, or dans ce projet on n’a plus vraiment le même poste.

 

Justement, comment ça se passe cette relation metteur en scène/comédiens ?

  • Siegrid (metteuse en scène) : pour moi, ce n’est pas une histoire de hiérarchie, c’est juste qu’on ne fait pas le même travail que les autre, sur un même projet. Pour moi, c’est justement ça qui est compliqué, de comprendre qu’il ne s’agit pas de se mettre dans la peau du prof, c’est juste de faire un autre métier que ceux qui sont sur le plateau. Je pense que cette création m’a vraiment permis de travailler ça, étant donné que c’est le deuxième projet de ce type-là. Finalement, je trouve ça cool de pouvoir travailler ensemble et avoir le luxe de pouvoir chercher ensemble. Si j’ai des doutes, je peux le dire, et c’est vraiment agréable d’avoir ce cadre de confiance !

 

Pourquoi avec choisi cette pièce de Shakespeare ?

  • Siegrid (metteuse en scène) : J’ai découvert Macbeth il y a quelques années avec une mise en scène de Gwenaël Morin, que j’ai beaucoup aimée. À travers des ateliers ouverts à tous, on avait fait un énorme travail de recherche autour du texte, des différentes significations des scènes et des manières dont on pouvait les interpréter… Et ça m’est resté en tête. Il y a aussi une raison plus personnelle. En octobre j’ai fait un voyage en Écosse, et j’ai retrouvé dans cette nature, ces châteaux, ces ruines, l’ambiance de Macbeth. Ce qui est exceptionnel, c’est qu’on ne pourra jamais reproduire cette ambiance sur un plateau, du coup je me suis lancée le défi de faire en sorte que la pièce s’imprègne de cette force. Je voyais aussi très bien les acteurs de notre promo jouer Macbeth. Il y a énormément de choses intéressantes dans cette pièce pour des comédiens, des valeurs à défendre et des événements incroyables à vivre, et notre travail en profondeur sur des classiques à l’école (Eschyle, Sénèque, Racine…) m’a donné envie d’aller plus loin avec eux dans les recherches d’interprétation et de mise en scène des textes anciens.

 

Pourquoi vous, les comédiens, avez-vous choisi de rejoindre ce projet ?

  • Alma : déjà parce que je n’avais jamais joué Shakespeare, et aussi parce que c’est une langue vraiment particulière, donc j’avais envie d’expérimenter ça, voir où est-ce que ça nous emmène en termes de jeu. Et avec tout ce qu’on a appris au bout de 3 ans, comment réussir à faire le bilan de tout ça, pour être à la hauteur de ce texte-là ? C’est compliqué, et ce que je vois maintenant, parce qu’on commence à faire des filages complets, voir comment on va réussir à s’emparer de ça pour être à la hauteur des enjeux
  • Antoine : c’est exactement ça, comment on tient cette pièce, avec cette langue-là compliquée et à la fois sublime, d’autant plus qu’on joue chacun beaucoup de personnages différents dans la pièce, comment tenir cette énergie-là, avec cette langue, cette force, du début à la fin, et ce n’est pas toujours la chose la plus facile.
  • Alma : le fait d’avoir tellement de rôles différents, c’est hyper speed et c’est un vrai travail de jeu pour trouver comment corporaliser tous ces personnages pour que ça soit crédible, parce qu’on n’est que 5 à jouer une multitude de personnages. L’enjeu c’est de faire une vraie recherche en ce qui concerne l’incarnation, de créer une vraie rupture entre les différents rôles même pour les mini-interruptions de quelques phrases. Chaque personnage doit vraiment être différent…
  • Antoine : et comment on passe de l’un à l’autre, parce que justement, quand on rentre en Lady Macbeth et que quelques secondes après on est un serviteur ou un assassin, comment en l’espace de quelques secondes on rentre dans la peau d’un nouveau personnage… C’est un excellent exercice pour un comédien qui sort de 3 ans de formation, je pense.
  • Gabriel : c’est vrai, et c’est trop bien de pouvoir faire une pièce avec des enjeux hyper forts, parce qu’il y a beaucoup de pièces contemporaines qui sont plutôt abstraites et où on ne retrouve pas forcément des enjeux très nets, très clairs. Par exemple il y a quelqu’un qui est mort, ou quelqu’un qui doit mourir, et qu’est-ce qu’on va faire nous pour tuer cette personne ? Du coup, comment s’approprier des enjeux qui sont énormes ? Nous, on ne se voit pas du tout tuer quelqu’un, du coup il faut trouver en nous ce truc-là de « je vais tuer quelqu’un ».
  • Thomas : personnellement ce que j’adore quand on joue du classique, c’est l’aspect temporel, parce que ça se passe à une époque qui est carrément éloignée de la nôtre ! Quand je lis le livre, je ne me sens pas spécialement affecté par ça, alors c’est un vrai défi de réussir à transmettre des choses dans mon jeu. L’objectif, c’est de casser cette temporalité, et faire en sorte que des enjeux hyper puissants qui sont d’une autre époque nous parlent, qu’on puisse les mettre en perspective avec ce qu’on vit nous aujourd’hui. Parce que même si on n’a pas envie de tous se tuer les uns les autres, on comprend ce qu’ils vivent, et ça peut toucher. Donc moi je trouve ça génial de travailler là-dessus.
  • Antoine : toi pour le coup tu dis qu’à la lecture ça ne te fait pas grand-chose, moi au contraire je le ressens super fort ce qu’ils peuvent vivre et c’est d’autant plus gratifiant et fort d‘essayer de faire ressentir ça à un public, à la metteuse en scène quand on travaille, et aux autres quand on est sur scène, c’est d’autant plus fort.

 

La troisième année est presque « auto-gérée » par les élèves. Alors en termes d’organisation, comment ça s’est passé ?

  • Siegrid : l’école nous met à disposition des salles, comme ce studio qui a été loué pendant 3 semaines, et ensuite c’est à nous de nous organiser pour les répétitions, savoir quand on sera disponibles, comment de temps on va répéter… L’école établit un partenariat avec les théâtres – le théâtre du Fou pour nous – et ensuite, une fois que la date est fixée, c’est à nous de nous organiser en fonction de ce qu’il y a à travailler. Ça peut être compliqué dans certains cas, mais pour nous ça s’est bien passé, on a eu le temps nécessaire pour nous organiser : 6 vraies semaines de répétitions.
  • Antoine : ce qu’on a bien fait aussi, c’est qu’on a eu le temps d’avoir le texte rapidement et de faire une bonne lecture complète de la pièce. Et rapidement, avec Siegrid, on a fait des coupes, on s’est rapidement mis au travail de l’apprentissage des textes.
  • Guillaume : plus court, ça aurait été chaud (rires).
  • Thomas : ça nous met face à une certaines réalité du métier qu’on n’a pas forcément à l’école. Par exemple, certains sont allés à la rencontre du théâtre dans lequel on va jouer, pour un entretien pour présenter le projet.
  • Antoine : oui clairement, là où l’école a eu une bonne idée c’est d’organiser cet entretien pour « se vendre », et vendre sa pièce, comme si c’était des programmateurs.
  • Guillaume : être capable de dire « plutôt nous que quelqu’un d’autre », et c’est un travail qu’on aura sûrement à faire plus tard, donc c’est un bon entrainement !

 

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Après des semaines de travail intense pour monter leur spectacle, les six élèves d’Arts en Scène ont été récompensés par une salle pleine à chacune de leurs représentations. Un succès mérité et largement applaudi par l’équipe pédagogique d’Arts en Scène, fière de ses élèves.

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