Interview avec Adrien Françon, professeur pour l’année préparatoire à Arts en Scène.

  • Salut Adrien, merci pour ton temps. Pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter et me parler un peu de ton parcours ?

Je m’appelle Adrien Françon, j’ai 26 ans, j’ai commencé le théâtre assez jeune dans mon village à Saint-Chef en Dauphiné dans le 38. Ensuite, j’ai fait le conservatoire de Bourgoin-Jallieu quand j’étais au lycée avant de continuer à Arts en Scène en 2014-2016, j’ai fait les 2 ans de formation et enfin, j’ai fait l’ENSATT, promo 79 donc 2017-2020. Et, depuis janvier je suis de retour à Arts en Scène en tant que professeur.

  • Qu’est-ce qui t’as donné envie d’enseigner ?

Ça faisait pas mal de temps que je sentais que j’avais envie d’essayer de faire de la pédagogie, de la transmission. Je savais que c’était quelque chose qui m’attirait, mais je n’avais pas vraiment eu d’opportunité. J’ai seulement eu une petite expérience, où je donnais quelques cours de théâtre aux U17 du club de foot de mon village. J’avais un ami qui était entraîneur de foot, et tous les étés il faisait un stage de pré-saison avec ses équipes pendant une semaine. Je trouve qu’il y a plein de points communs entre le foot et le théâtre et plus globalement tous les sports collectifs. Que ce soit le rapport aux partenaires et à l’espace, on y retrouve un espèce d’état d’hyper conscience de tout ce qu’il se passe, d’hyper réactivité, de vivacité qui se crée collectivement. D’un coup toutes les choses deviennent évidentes et sont inscrites dans le corps. On pourrait faire un parallèle entre les répétitions en théâtre et les entraînements dans le sport.


Cette expérience sur une période plus courte m’a permis de construire une base d’exercices de théâtre que j’utilise encore aujourd’hui et cela m’a encore plus donné envie de donner des cours à de vrais professionnels. Je pense que donner des cours amateurs sur le long terme ne me plairait pas parce que j’ai besoin d’avoir une exigence. J’aime bien que les choses soient exigeantes parce que je trouve que c’est là où on trouve le plaisir, alors que les amateurs sont plutôt là pour décompresser et se changer les idées, dans une ambiance moins sérieuse. J’ai vraiment envie de transmettre ce que j’ai appris pendant toutes mes années de formation, très exigeantes également. Il me semblait donc intéressant de pouvoir enseigner où j’avais commencé ma formation et de revenir, cette fois-ci en tant que professeur pour rendre un peu de ce qu’on m’avait enseigné à l’époque.

  • Est-ce que tu t’es dit que tu voulais être le prof que tu aurais voulu avoir tu étudiais à Arts en Scène ?

Je ne me le suis pas dit directement mais je pense que ça a joué inconsciemment, j’essaie d’être le meilleur professeur possible, du moins, de mon point de vue.
Et mon expérience cette année était vraiment gratifiante : j’ai eu une super promo, hyper investie, motivée et travailleuse avec que des personnes intéressantes. Je suis très fier de ce qu’ils ont accompli. Tous ceux qui passaient le concours ont d’ailleurs été pris en première année. Ça c’est vraiment une fierté et une satisfaction parce que ça montre que l’on a bien travaillé et que les efforts qu’ils ont fournis ont payés.

  • Est-ce que tu peux me parler un peu du contenu et du format de l’année prépa ?

Alors le but de l’année préparatoire, c’est vraiment de préparer au concours d’Arts en Scène. C’est-à-dire qu’ils choisissent une scène qu’ils vont travailler jusqu’au concours. L’année est alors plus ou moins divisée en deux parties :
La première partie de l’année : de septembre à décembre, ils travaillent des scènes doubles, où chacun a autant de contenu à travailler l’un que l’autre. Comme ils sont 12 il y a 6 scènes qu’ils travaillent jusqu’à décembre avec à la clé une petite restitution de travail pour les professeurs et les proches.
Ensuite, la deuxième partie, c’est la préparation pour le concours à proprement parlé qui se déroule au printemps. Cette fois-ci, plutôt des scènes individuelles même s’il peut encore y avoir des scènes doubles. Elles sont donc assez formatées : ce sont des scènes dialoguées, qui durent 3 minutes pour être au format demandé par le concours d’Arts en Scène. C’est vraiment du travail de scène, tous les vendredi soir pendant 3 heures et aussi quelques week-ends dans l’année.
On profite des week-ends pour faire de la technique, pour travailler le corps, l’espace, etc. Faire du travail de scène c’est intéressant mais il est également très important d’avoir un bagage technique. Comme il s’agit d’amateurs qui veulent se professionnaliser ils n’ont pas la technique et c’est normal, il y a donc plein d’aspects différents sur lesquels on les fait travailler même s’il n’y a pas toujours assez de temps pour creuser les apprentissages.
À côté de ça, ils doivent aussi faire des stages organisés par Arts en Scène sur des week-ends, ouverts aux amateurs sur des disciplines comme du clown, de la danse, du chant qui leur permettent de s’ouvrir à de nouveaux univers importants liés à la pratique théâtrale. Ils m’en ont beaucoup parlé et ont beaucoup aimé ces découvertes. Ces stages leur ont aussi permis de s’améliorer puisque je ressentais vraiment la différence sur leur jeu lorsqu’ils avaient assisté à des stages.
Je trouve l’idée de l’année préparatoire vraiment bien, ça permet aux élèves de faire mûrir leur projet, de se projeter un peu plus sur leurs perspectives professionnelles en leur apportant un bagage de connaissances et des outils pour éviter qu’ils arrivent en première année la tête sous l’eau avec un niveau d’exigence trop élevé.

  • Selon toi, quelles sont justement les compétences à avoir pour arriver en première année ?

Je pense que le plus important c’est d’avoir envie et de savoir pourquoi tu veux le faire. C’est de toute façon ça l’une des premières questions qui est posée à l’audition. Pendant l’audition, après la scène qui dure 3 minutes il y a un entretien qui dure entre 10 à 15 minutes pour exposer ses motivations.
Après je pense qu’il faut qu’on décèle des qualités mais surtout un potentiel. Arts en Scène ne cherche pas les meilleurs acteurs du monde, si une personne l’était, nous n’aurions rien à lui apprendre. Mais il faut que l’on détecte en elle une envie, une motivation, un appétit et qu’elle nous donne envie d’un échange, pour qu’elle puisse apporter au groupe et à l’école sa motivation et son univers.

  • Pour finir, j’en reviens à toi mais comment t’as appliqué ta vision artistique dans ton rôle de prof ?

Ce que je défends et ce que j’aime dans le théâtre, c’est un théâtre de texte et de situation. Un théâtre où ça joue, je suis vraiment attaché à la langue, au texte.
C’est un peu ce qui m’a emmené au théâtre, c’est ce qui m’a plu et ce à quoi je m’attache le plus tout en soignant l’attention portée au texte, aux sens, aux mots et à l’analyse : que se passe-t-il ? qu’est-ce qui est dit ? dans quelle situation on est ? Qu’est-ce qui se joue ?
Si je devais résumer, c’est qu’il ne faut pas jouer en général mais jouer précis, délivrer un sens précis à ce qu’il se passe. Si les mots sont écrits de cette façon, avec une virgule à tel endroit, cela veut dire quelque chose. C’est cette attention-là qu’il est important d’avoir, puisque ce sont des aides pour jouer. Le texte est un outil qui nous permet de jouer. L’idée étant de trouver comment, en tant qu’acteur, on s’approprie la parole d’un auteur en étant le plus précis possible dans les éléments qu’il nous donne comme indications.

  • Super. Merci Adrien d’avoir pris du temps pour nous parler de toi et de l’année préparatoire

Toutes les informations concernant l’année préparatoire sont à retrouver directement sur notre site internet en cliquant ici.

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